Mon Gigantesque Challenge en Tanzanie – Episode 1

L’étape en Tanzanie a été très particulière pour moi. Choc culturel, paysages surréalistes, découverte de la vie sauvage et aventures un peu extrêmes… Impossible de rester de marbre face à tout cela. J’ai longtemps hésité à publier cet article, différent et plus personnel que les autres. Le voici…

Retomber en Enfance et s’Emerveiller

J’avais choisi la Tanzanie pour ses safaris. Après être tombé sur des photos incroyables, je m’étais dit que ce serait le pays idéal pour découvrir la faune sauvage. J’ai rapidement déchanté quand j’ai pris connaissance des tarifs, les taxes d’entrée font vraiment réfléchir. J’ai alors pris le parti de ne passer qu’une seule journée à N’Gorongoro, l’un des parcs les plus spectaculaires du pays. Cette aire de conservation est située dans le cratère d’un volcan effondré, formant une immense enceinte naturelle où vivent des centaines d’espèces de mammifères et d’oiseaux différentes.

Plusieurs heures de route sont nécessaires pour y accéder depuis Arusha, ville faisant office de « camps de base » pour les safaris de la région. Le départ s’est donc fait avant l’aube mais le jeu en valait vraiment la chandelle. Cette expérience est impossible à décrire. C’était un moment magique où j’ai eu l’impression de retomber en enfance tellement j’étais émerveillé. La vie sauvage semblait y être hors du temps, préservée dans une bulle. Une photo vaut parfois mieux que 1 000 mots…

Après une telle journée, il fallait que le trajet retour soit à la hauteur. Je n’ai pas été déçu ! A une heure d’Arusha, alors que la nuit était tombée depuis déjà un bon moment, les phares du véhicule qui nous ramenait ont lâché. En règle générale, les routes en Tanzanie ne sont pas vraiment ce qu’il y a de plus sûr : gigantesques nids de poules, conduite hasardeuse, dépassements frénétiques avec des véhicules arrivant à contresens (oui, oui, se croiser à trois voitures/camions/bus sur une deux voies, ça passe large…). Et pour simplifier les choses, les routes ne sont pas éclairées, cela aurait été trop facile sinon. Je ne vous cache pas que l’ambiance à bord s’est très sensiblement tendue, surtout quand l’un des passagers a découvert qu’il ne pouvait pas attacher sa ceinture…

Bon, je vous rassure, tout s’est bien passé. Après avoir décollé sur quelques dos d’ânes, évité un ou deux véhicules et quelques piétons, nous sommes arrivés sains et saufs à Arusha où nous attendait une voiture de rechange… qui est tombée en panne d’essence au bout de 2 minutes ! Il y a des jours comme ça…

La journée aurait pu être pire, j’aurais pu ne pas survivre à cette attaque…

J’ai poursuivi mon périple en direction de Moshi, point de départ des treks pour le Kilimandjaro. Loin de moi l’idée de me lancer dans l’ascension du toit de l’Afrique, je voulais juste l’apercevoir et si possible effectuer une marche dans les alentours. J’avais opté pour une petite excursion proposée par le gérant de mon auberge et cela s’est révélée… catastrophique ! Visite de la boutique souvenir du Kilimandjaro, balade de 10 minutes pour voir une petite cascade, on était loin de l’aventure trépidante que j’avais imaginé. Après cette belle déception, j’ai commencé à me demander ce que j’allais bien pouvoir faire des 3 semaines restantes en Tanzanie. J’étais loin d’imaginer ce qui allait suivre…

Le Temps de la Réflexion

Quelques jours plus tard, j’ai reçu un message de Sophie, une amie de Bordeaux effectuant elle aussi un tour du monde : « Faut qu’on parle ! »
Son séjour en Afrique du Sud était compromis car son compagnon de voyage s’était fait agresser à Johannesburg. Ses plans tombaient à l’eau.
« Ça te dit de faire l’ascension du Kilimanjaro ? C’est mon rêve ultime, je peux être là dans moins d’une semaine… ».
On s’est renseigné sur les tarifs et options chacun de notre côté.
Ma décision a été prise sur un coup de tête : Oui ! En route pour une nouvelle aventure !

Une semaine, c’est trop court pour se préparer physiquement. Une semaine, c’est aussi trop long mentalement et le doute s’installe… Ce doute, Sophie le ressentait aussi et le lendemain, elle me disait qu’il fallait peut-être se donner un peu de temps pour bien y réfléchir. On s’est donc laissé un ou deux jours pour faire le point.

Le Kilimandjaro vu de Moshi

J’en ai profité pour quitter l’effervescence de Moshi et visiter le village de Lushoto, perché dans les montagnes, à 6 heures de route.  Le trajet en lui-même était une sacrée aventure. Mon auberge de jeunesse avait contacté quelqu’un pour s’occuper de mon billet de bus et m’accompagner jusqu’à la gare routière… et heureusement ! Le bus était bondé et il a dû se battre pour que je puisse avoir la place assise qui m’était réservée. Le confort du minibus était plus que spartiate. Les sièges avaient plus que fait leur temps, la mousse était morte, j’avais donc les fesses directement sur l’armature métallique. Bien que déjà rempli, le bus s’arrêtait à chaque village pour faire monter plus de voyageurs qu’il n’en descendait.

J’avais fait l’erreur d’oublier ma gourde dans la soute et je me faisais un point d’honneur à ne pas acheter de bouteilles plastique que proposaient les marchands ambulants qui couraient vers le bus à chaque arrêt dans un village. Je dis « arrêt » mais j’avais l’impression que le bus ralentissait suffisamment pour jeter les passagers en marche et faire grimper les nouveaux arrivants. Les marchands ambulants couraient autour du bus, un carton rempli de boissons, gâteaux et fruits secs posé sur la tête. Ils toquaient aux carreaux pour attirer les clients potentiels et les transactions se faisaient par la fenêtre pendant les quelques petites secondes d’arrêt.
J’étais assis côté allée centrale et l’état des vitres du bus, rendues opaques par le temps à certains endroits et recouvertes d’un film sombre à d’autres, m’empêchait de voir le paysage. J’ai fini par somnoler par intermittence, priant pour que le trajet passe vite.

Au bout de 4 heures, le minibus s’est arrêté sur le bas-côté, en plein milieu d’une zone désertique. La moitié des passagers est sortie rapidement du véhicule. Hommes, femmes, enfants couraient pour trouver refuge derrière un buisson. C’était la pause-pipi ! Une minute après s’être arrêté, le chauffeur klaxonnait déjà pour que les passagers remontent au plus vite. Une femme tenant ses deux enfants par la main se hâtait pour rejoindre le bus qui faisait mine de partir.
Ne sachant pas si mon arrêt à Lushoto était le terminus, je jetais régulièrement un œil sur GoogleMaps pour surveiller l’évolution du trajet. J’avais déjà vécu l’expérience en Équateur, le chauffeur de bus avait oublié de s’arrêter pour moi et je m’étais retrouvé à descendre à une station-service, à une demi-heure de ma destination !
Ayant dépassé la jonction menant au village, j’ai demandé au chauffeur s’il allait bien à Lushoto. « Oui, Lushoto ». Et quelques kilomètres plus loin, nous avons emprunté une route inconnue de Google.

Une famille avec deux enfants, un garçon et une fille d’environ 5 ans, est montée dans le bus. N’ayant pas assez de place, les enfants se sont assis sur la malle en fer qu’un passager avait posé dans l’allée centrale à côté de moi. La petite fille m’a fixé du regard pendant près d’une demi-heure. Je lui ai fait le plus beau de mes sourires, en vain ! Le chemin allant vers Lushoto serpentait dans la montagne et les enfants étaient ballottés. A chaque virage, ils s’accrochaient à ma jambe pour garder leur équilibre. Impossible de leur céder ma place, j’étais déjà comprimé dans mon mini siège et je n’avais nulle part ailleurs où m’installer ! La petite fille a fini par se rouler en boule au milieu des sacs des voyageurs. Deux heures plus tard, le calvaire se terminait, nous avions atteint le village.

Marché du village voisin de Lushoto

De petites maisons, échoppes, commerces et cabanes bordent la route principale. Le centre est une grande place en terre battue où se mélangent les étals des marchands, vendeurs à la sauvette, etc. La première chose que j’ai faite en descendant du bus a été de récupérer ma gourde que j’ai vidée d’un trait. La migraine liée à la déshydratation ne partirait pas si vite…

Mon auberge était située à 4 km du centre, j’ai dû monter dans un taxi pour la rejoindre. Une fois sur place, j’ai déjeuné rapidement avant de me mettre au lit, priant pour qu’une sieste vienne à bout de mon mal de tête carabiné. J’étais un peu trop optimiste…
J’avais beau être en Afrique, dans les montagnes il fait froid ! Je me suis réveillé en grelotant, la migraine toujours présente. Mes tendinites aux genoux, souvenir d’un trekking de 100 km effectué 10 ans plus tôt, se réveillaient gentiment pour achever de saper mon moral.
Maux de tête, froid glacial, fatigue et douleurs articulaires, voilà ce qui m’attendait pour l’ascension du Kilimandjaro. A ce moment-là, j’ai pris ma décision : hors de question, je ne m’imposerai jamais ça. Aucun intérêt.

La connexion internet étant très mauvaise, je me suis rendu le lendemain matin au village pour acheter une carte Sim locale. Je devais être joignable pour annoncer ma décision à Sophie. J’ai effectué le trajet à pied, sur le bord de l’étroite route poussiéreuse, sautant sur le bas-côté dès qu’un mini-bus ou un 4×4 descendait en trombe vers les villages voisins. J’ai croisé de nombreux locaux, marchant tranquillement (« pole pole« ) vers le centre, des enfants en costume d’écolier me disant « Hello » et répondant par de grands sourires à mes signes de main. J’étais quasiment le seul touriste dans les parages et l’attitude des gens était très différente de celle de Moshi. Les taxis-moto me proposaient la course jusqu’au village mais sans insistance quand je refusais avec le sourire. « Hapana asanté » (non merci). Ils me répondaient avec gentillesse « Karibu Sana ».  (Tu es le bienvenu) ou « Hakuna Matata » (aucun problème). A Moshi, il est courant de se faire suivre pendant un long moment par des locaux cherchant impérativement à soutirer de l’argent aux touristes pour une photo, un renseignement, un service. Le tourisme n’avait pas encore affecté Lushoto, un vrai bonheur.

Une fois ma mission « en ville » effectuée, je suis retourné vers mon auberge de jeunesse par le même chemin. Marcher, ça fait du bien. Ça fait aussi réfléchir. Je me suis rendu compte que j’avais un énorme besoin de me défouler, de relever de nouveaux challenges. Peu importe la décision de Sophie, peu importe mon manque de préparation, je ferai l’ascension du Kilimanjaro. C’était l’occasion ou jamais et c’était un défi assez fou pour être relevé !

J’ai organisé mon retour vers Moshi pour le lendemain matin. J’ai demandé au gérant de l’auberge de jeunesse de me réserver une place sur le meilleur bus possible. L’après-midi s’est passée sans que Sophie ne soit joignable. J’ai fini par lui envoyer un message pour lui annoncer ma décision. Le soir même, je recevais de ses nouvelles « j’arrive et on monte ! ». Elle avait aussi pris sa décision dans la journée. Les aventures pouvaient commencer !

Champs d’agave

Le trajet retour était magnifique. Les paysages alternaient entre plaines désertiques, champs d’agave, de maïs et zones forestières mêlant buissons épars, arbres verdoyants (l’arbre emblématique de la savane, acacia faux-gommier), et parfois quelques baobabs aux troncs énormes, plantés dans une terre ocre. Les montagnes d’Usambara dominaient la scène. Les maisons étaient du même rouge que la terre…
Cette fois je n’avais pas fait l’erreur d’oublier ma gourde mais le chauffeur de bus ne semblait pas décidé à s’arrêter. J’ai essayé de poser la question en Swahili à mon voisin. « Il y a une pause pour aller aux toilettes ? » Ma prononciation devait être catastrophique car il m’a regardé sans rien répondre… Au troisième échec, je lui ai dit de me laisser passer. Je me suis adressé au copilote dans mon plus beau Swahili : « Stop, je dois aller aux toilettes ». Cinq minutes plus tard, tout le monde descendait du bus en courant pour trouver un buisson !

Sur la route vers Moshi

Une fois arrivé à Moshi, j’ai profité d’une meilleure connexion wifi pour me renseigner sur l’ascension du Kilimanjaro. Nous avions choisi de passer par la voie « Machame » en 6 jours. Pour se donner plus de chance d’atteindre le sommet et de ne pas souffrir du mal des montagnes, les spécialistes conseillent de faire cette ascension en 7 jours.
6 jours, c’était le temps qu’avait Sophie avant de devoir prendre son avion pour retourner en France après 10 mois passés à voyager autour du Monde. 6 jours c’était un challenge dans le challenge en choisissant la route surnommée « Whisky », certes plus belle mis aussi plus dure que la voie originel « Marangu » aussi appelée « Coca Cola ».

Les détails de l’ascension sur le toit de l’Afrique ont déclenché en moi quelques rires nerveux. Les nuits se feraient sous une tente par des températures négatives. L’ascension finale à 5895 mètres se ferait à minuit le 5ème jour. Au programme, 3 heures maximum de sommeil pour enchaîner 8 heures d’ascension et 6 heures de descente. 14 heures de marche sans avoir vraiment dormi… La prochaine fois, je me renseignerai avant de prendre une décision !

Foncer et Réfléchir après…

4 Replies to “Mon Gigantesque Challenge en Tanzanie – Episode 1”

  1. Impatiente de te rencontrer un jour ! Merci pour ce récit qui nous met l’eau à la bouche : on veut le récit détaillé de l’ascension !
    Signé : Anne, Sophie ´s Môm 😊

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    1. Merci beaucoup ! C’est vraiment Sophie qui a lancé le challenge, sans elle la Tanzanie aurait été très fade. Je travaille sur la suite mais ce sera moins détaillé! Je comptais sur Sophie pour ça ! Au plaisir de vous rencontrer à mon retour. Aurélien

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